Morceaux choisis
Dans les cercles moins rapprochés, on prenait un peu plus de distance. « Olivier y a été trop fort dans la démonstration de force… Et puis il n’y avait quasiment que des fauristes dans la salle. En réalité, le parti est vraiment fracturé et si Cazeneuve est nommé à Matignon, ce sera la cata : le groupe à l’Assemblée pètera en deux, entre ceux qui voteront la confiance et ceux qui refuseront », pronostiquait sombrement un député, glacé d’avoir entendu que l’ancien premier ministre de François Hollande était déjà en train de réfléchir à la composition d’un nouveau gouvernement.
D’où l’avertissement lancé vendredi par Olivier Faure devant ses troupes. « Il suffirait de 14 députés socialistes qui rejoignent la coalition Ensemble [les macronistes de l’Assemblée nationale, ndlr] pour avoir une majorité de droite », a-t-il martelé, avant de juger qu’Emmanuel Macron n’avait d’autre dessein que de piéger le PS pour qu’il lui « rapporte le scalp du Nouveau Front populaire ». Un tonnerre d’applaudissements a ponctué sa sortie, scellant l’unanimité enfin retrouvée contre l’adversaire macroniste.
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« On a perdu deux mois à parler de Lucie Castets, mais sa nomination n’arrivera pas ! Il faut arrêter de vivre dans le métavers ! », s’agaçait par exemple l’ex-maire d’Argenteuil (condamné mi-décembre 2023 à deux ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt) Philippe Doucet, proche de François Kalfon. Devant les caméras, l’auto-proclamée « Dream team » composée de Carole Delga, Stéphane Le Foll, Karim Bouamrane, Rachid Temal, Nicolas Mayer-Rossignol, David Assouline, Jean-Christophe Cambadélis ou Michaël Delafosse, a demandé solennellement à Olivier Faure la tenue d’un congrès dans les plus brefs délais afin de désencastrer le parti de son alliance avec les Insoumis.
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Le midi même, Patrick Kanner, président du groupe PS au Sénat constatait lui aussi l’impasse de la stratégie du NFP. Et jugeait que si Bernard Cazeneuve se donnait les moyens d’imposer à Macron une « suspension » de la réforme des retraites et plus globalement une politique de gauche sur la fiscalité, les salaires et les services publics – bref, « une vraie cohabitation et pas juste un “parfum” de cohabitation » –, les socialistes devraient être prêts à le soutenir. « Contrairement à Mélenchon qui est dans une logique factieuse pour s’imposer, nous devons être du côté de la stabilité institutionnelle », expliquait-il attablé devant une dizaine de journalistes.